Cameroun : Personnification des institutions et lenteurs administratives, de véritables freins au développement.

14 janvier 2014

Cameroun : Personnification des institutions et lenteurs administratives, de véritables freins au développement.

Le président de la République du Cameroun, M Paul Biya, a dit dans son discours à la nation le 31 décembre dernier que le Cameroun va mal même si on peut noter quelques avancées. Ce malaise, 14 ans après le début du 3ème millénaire après Jésus-Christ et 20 avant l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035 a également été diagnostiqué par le chef de l’État camerounais. Les jours qui ont précédé et succédé ce discours de M. Paul Biya, je faisais une énième descente dans certaines administrations camerounaises pour des raisons personnelles. J’ai pu constater quelques fléaux qui freinent le progrès du Cameroun. A savoir la personnification du pouvoir et les lenteurs administratives.

La lenteur administrative est semblable à la lenteur de la tortue. Crédit image:investiraucameroun.com
La lenteur administrative est semblable à la lenteur de la tortue. Crédit image:investiraucameroun.com

Personnification des institutions

Au Cameroun, ce qui compte ce ne sont pas les institutions que sont censés représenter les individus. Mais les individus qui personnifient les institutions. Comment cela se passe ? Au niveau étatique, on a tendance à accorder tous les bénéfices à un individu Paul Biya plus qu’à l’institution qu’il représente à savoir le président de la République. Il est de même pour les autres sphères de pouvoir. Plusieurs ministres donnent l’impression qu’ils tiennent leur pouvoir ou leurs postes plus de la « bonne volonté » du chef M. Paul Biya que de la méritocratie qui doit être la base d’une république.

Dans les administrations, la personnification des institutions s’observe par une allégeance au chef. Les administrations ne fonctionnent pas si un individu n’est pas là. Que ce soit pour la signature d’un document important ou pour la certification d’un acte de naissance…, les employés de ce service vous disent que « celui qui doit signer n’est pas là… Il est en congé… Il est allé en campagne électorale… » Bref, l’institution ne pourra pas fonctionner parce qu’un individu est absent. Comment une institution peut être paralysée par ce qu’un individu est absent ? Ce sont les individus qui sont au service de l’institution ou le contraire ?  Cette personnification des institutions est l’une des raisons des  lenteurs administratives.

Lenteurs administratives

Les lenteurs administratives sont également observables dans les administrations camerounaises. A une époque et jusqu’à récemment encore, le président de la République l’appelait inertie. Ces lenteurs administratives sont même théorisées par certains juristes et universitaires. Ces derniers utilisent toutes les stratégies pour faire comprendre aux jeunes étudiants « naïfs » que les lenteurs administratives ne sont pas une spécialité camerounaise. Que ces lenteurs rentrent dans le fonctionnement normal de toutes les administrations. Mais une fois sur le terrain, on se rend compte que la personnification du pouvoir est une cause de la lenteur car, en l’absence d’un individu, les dossiers qu’il est censé traiter attendent dans son bureau. Il ne faut pas faire de la « sorciologie » pour le comprendre. Il ne faut pas être politologue pour observer que lorsque vous voulez obtenir une signature dans les services publics (préfectures, sous-préfectures…), ça varie d’une administration à l’autre. Dans une, vous pouvez le faire en 30 minutes et dans l’autre, vous aurez près de 4 heures d’attente.

Dans d’autres services publics, en fonction de votre enveloppe, un service qui fait habituellement un mois pour aboutir peut être rendu en une heure. Et ce phénomène de lenteur administrative habite toutes les institutions même les lieux les plus inattendus. Bref, elles vont jusqu’à habiter les individus. Mais pourquoi les lenteurs administratives prennent de l’ampleur dans notre pays au-delà des justifications sans tête ni queue que certains juristes pompent dans les oreilles des jeunes étudiants camerounais ?

Ces deux fléaux qui sont minimisés sont des maux sur lesquels il faudra s’appesantir dans les jours et années à venir si les Camerounais veulent effectivement donner un sens à leur décollage. Deux autres fléaux minent notre accélération. Il s’agit du déficit de lumière et du niveau de connexion internet qui est assez bas. Je reviendrai sur ces deux derniers fléaux dans un prochain billet.

Bonne année à tous mes lecteurs. Vivement qu’en 2014, nous participions tous ensemble à l’éradication de ces deux malaises qui minent certaines sociétés au-delà du Cameroun.

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