Au Cameroun, le Conseil des ministres a foutu le camp

16 janvier 2014

Au Cameroun, le Conseil des ministres a foutu le camp

Le Conseil des ministres est une réunion traditionnelle qui se tient dans un Etat sérieux. Il permet au chef de l’Etat de coordonner l’action gouvernementale. Son rôle effectivement est :

de rendre compte de l’action gouvernementale passée, de définir celle à venir et d’établir des projets de loi, de faire des communications sur différents sujets. Il doit délibérer et décider de la politique générale. Il est également le forum où, chaque semaine, on veille à la cohésion politique au sein de la coalition gouvernementale.

Un conseil des ministres présidé par M. Paul Biya, président de la République du Cameroun. Crédit image:cameroun-online.com
Un Conseil des ministres présidé par M. Paul Biya, président de la République du Cameroun. Crédit image:cameroun-online.com

Dans tous les pays sérieux, ce conseil se tient chaque semaine ou à défaut une fois en deux semaines. Mais au Cameroun, le dernier Conseil des ministres s’est tenu le 27 novembre 2012 après celui de décembre 2011. Depuis, plus rien. Pas de coordination de l’action gouvernementale. Rien! Le président de la République, monsieur Paul Biya, a d’ailleurs diagnostiqué, lors de son message à la nation le 31 décembre dernier, le manque de coordination comme frein de l’action gouvernementale et du développement du pays. On est en droit de se demander : si le Conseil des ministres censé se tenir chaque semaine n’a jamais lieu, comment l’action gouvernementale sera-t-elle coordonnée ? C’est cette institution qui permet au chef de l’Etat, le leader de vérifier si les différents managers (ministres) avancent dans leur cahier de charges les objectifs qui leurs sont assignés. Comme dans une entreprise, la réunion des ministres permet d’évaluer ce qui est fait par rapport à ce qui devrait être fait, extraire les raisons des lenteurs, trouver des moyens pour y remédier afin de mettre le pays sur la bonne voie. Mais, certains veulent nous faire croire qu’il est possible de gouverner un pays sans Conseil des ministres. C’est du leurre!

Pour rédiger ce billet, j’ai identifié les sites internet de quelques présidences des Etats africains et occidentaux. Je me suis rendu compte que dans tous ces pays, le Conseil des ministres est une activité normale, inscrite dans l’agenda de la nation et qui se tient au moins chaque semaine. Au Sénégal par exemple, le dernier en date s’est tenu le 15 janvier 2014 sous la présidence de Macky Sall. Un autre s’était tenu la semaine précédente.  Pour ce qui est de la France, le Conseil des ministres se tient chaque mercredi.

De toutes les façons, le Conseil des ministres est une tradition dans un pays. Le président de la République préside ce conseil en même temps qu’il coordonne l’activité gouvernementale.  Il est anormal, voire incompréhensible de gouverner un État sans tenir un Conseil des ministres en un an et qu’après, on déclare que l’action gouvernementale manque de coordination. Ceux qui nous gouvernent gagneraient à imiter les bonnes habitudes. Ils gagneraient à faire ce que les États sérieux font. Mais comme je l’ai dit dans un billet précédent, nous sommes dans le règne du ridicule. Ce qui est normal et universellement admis ne l’est pas au Cameroun. Le Conseil des ministres qui est normal dans un Etat sérieux et universellement admis ailleurs a foutu le camp chez nous. A quand le prochain Conseil des ministres au Cameroun ?

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Commentaires

Josiane Kouagheu
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Tu sais Ulrich, lorsque j'ai écouté le discours de Paul Biya le 31 décembre 2013, j'ai eu l'impression d'écouter un papa absent à la maison depuis des années. Un papa qui ne savait pas ce que faisait son 1er fils, ce que disait le second... Paul Biya a voulu taper la main sur la table. Mais comment jouer l'indigné quand c'est toi l'amuseur. Tes ministres ne te voient jamais au conseil des ministres que tu n'organises pas (pour ne pas dire jamais, car là, ce sera exagéré quand même). Quand papa est là, on sait que papa est là. On range la maison, puise de l'eau à boire. Mais au Cameroun, papa est incapable de jouer son rôle et ce, depuis plus de 30 ans!

De Rocher Chembessi
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C'est quoi cette histoire. Le Cameroun n'est pas une entreprise famililiale ou une bar restaurant. Un peu de sérieux sur le continent si on veut vraiment que nos pays avancent. Je sais juste que dans mon Bénin natal, il se tient pà maintes reprises sauf que c'est le Chef de l'Etat qui joue aux abonnés absents....

Ulrich Tadajeu
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Effectivement mon cher Roger. On nous fait croire que c'est la sorcellerie alors que non. Rien à ajouter Josiane. Belle métaphore pour illustrer l'état de la situation.