En mémoire de l’esclavage, rompre avec les privations de liberté

26 mars 2014

En mémoire de l’esclavage, rompre avec les privations de liberté

L’humanité entière célébrait hier, 25 mars, la journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves. Ce système odieux, fruit du capitalisme occidental, consistait à acheter, déporter les Noirs de leurs terres africaines pour en faire des machines de travail et de rentabilité économique dans les plantations du continent américain. C’est ainsi que près de 15 millions d’hommes, femmes et enfants ont été victimes de cette traite. Pendant des années, leur destin se conjuguait avec souffrance, chaînes, haines…Mais cet esclavage des temps antérieurs a eu comme conséquence des stéréotypes à l’égard des populations de couleur noire. A ces victimes de l’esclavage, se succèdent progressivement d’autres styles de victimes de privation de liberté notamment le racisme, le tribalisme et les conséquences des dictatures.

 

Crédit image: un.org
Crédit image: un.org

Car, il faut rappeler que cette journée est célébrée alors que le néolibéralisme est devenu la marque de fabrique de notre monde reléguant l’homme au second plan, au profit des accessoires, des machines, des objets qui sont « humanisés ». On ne se soucie plus des valeurs de l’homme, mais de sa rentabilité économique et matérielle. Comme c’était le cas à l »époque de l’esclavage, ce n’était pas l’esclave qui comptait, mais sa rentabilité, la force de travail et donc de production qu’il représentait.

Cette journée est célébrée alors que des images fusent de partout montrant une résurgence du racisme, du tribalisme et des discriminations liées aux préjugés. L’affaire Taubira en France, Cécile Kyenge en Italie, Yaya Touré en Angleterre, toutes ces affaires en disent long. On est rentré dans une phase de l’esclavage héritière de la première. Les individus sont rejetés par la société, ils sont marginalisés du seul fait de leur race, de leur ethnie, de leur obédience religieuse. Ces individus privés de liberté pour des choix qui ne dépendaient aucunement d’eux sont les esclaves du XXIe siècle.

D’autres victimes de l’esclavage sont ces milliers de personnes victimes des guerres dans leurs pays respectifs et qui sont obligés d’être privés de liberté. Soit en périssant sous le coup des balles, soit en fuyant leur terre-patrie pour se réfugier sur un territoire étranger. Ce sont ces enfants qui ne mangent pas, ces jeunes enfants obligés de devenir des enfants soldats pour servir les intérêts des satrapies au pouvoir et des seigneurs de guerre. Ces victimes sont également les multiples femmes violées lors des conflits, ces personnes terrorisées par la barbarie humaine manifestée par les frustrations et les violences atroces.  Voilà les victimes de l’esclavage de notre siècle. Ces individus sont enchaînés par la barbarie de certains, le côté animal des Hommes.

Enfin, les victimes de dictatures. Dans certains pays africains et même dans le monde, les populations n’ont plus la liberté de mettre aux fonctions qui ils veulent. Les dirigeants, élus du peuple pour servir la République, se transforment en président fondateur pour desservir le peuple. Ce dernier n’a plus la liberté de changer de dirigeant si celui-ci s’avère inefficace. Parce que la Constitution est modifiée, les élections sont truquées, la corruption est élevée. Le peuple cesse d’être le maître du jeu pour donner cette place à un président éclairé qui se croit tout permis, qui se dit être au début et à la fin de tout, créant de surcroît des individus. En 2008, le président camerounais avait levé le verrou sur la Constitution avec l’aide de l’Assemblée nationale soumise à lui pour se présenter une énième fois à l’élection présidentielle. Nous apprenons que le Burundi, la République démocratique du Congo (RDC) sont dans cette lancée depuis quelques semaines. Lequel acte leur permet de s’éterniser au pouvoir malgré les résultats peu encourageants.

L’impact social et économique est considérable. Un malaise social, un niveau de vie délétère et une économie qui continue de stagner malgré les prévisions encourageantes. Qui sont les victimes? Ce sont les étudiants, les subalternes qui ne peuvent pas obtenir les bourses pour étudier, qui ne peuvent plus rêver, qui ne peuvent pas se payer une évacuation sanitaire parce que le plateau technique des hôpitaux est indigent. Ces étudiants obligés après leurs études par manque d’emploi de rentrer au village pour travailler dans l’agriculture, une agriculture archaïque. Alors que dans le même temps, ceux qui gouvernent réussissent à payer les meilleures écoles à l’étranger pour leurs enfants et leurs proches.

Mais les peuples du monde doivent prendre conscience des dérives de ces satrapies en s’appropriant ces mots de François Mitterrand :

Un dictateur n’a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi.

Il est important qu’en cette commémoration des victimes de l’esclavage, les organismes, institutions et personnalités ainsi que les individus luttent pour que les dominations, les inégalités, les violences symboliques et physiques, le racisme, le tribalisme, les discriminations cessent définitivement pour que notre monde devienne enfin une humanité au sens noble du terme. C’est-à-dire un monde peuplé par des hommes, mais aussi bâti sur des valeurs de respect, d’égalité, de fraternité et de liberté. En mémoire de l’esclavage, rompons avec les inégalités, les privations de liberté, les dominations du XXIe siècle.

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