La Côte d’Ivoire en débat à l’université de Dschang

6 juin 2014

La Côte d’Ivoire en débat à l’université de Dschang

Dr Alexandre Djimeli et les membres du jury. Crédit image: Ulrich Tadajeu
Le Dr Alexandre Djimeli et les membres du jury. Crédit image: Ulrich Tadajeu

 La salle des spectacles et des conférences de l’université de Dschang a abrité mercredi 4 juin 2014, la soutenance de thèse de doctorat Phd de Djimeli Alexandre. Ancien journaliste au quotidien Le Messager, enseignant à l’université de Dschang, le tout nouveau docteur est également chef service de l’information et des conférences dans le même établissement. Le thème de sa recherche portait sur le « Discours de sortie de crise postélectorale en Côte d’Ivoire. Une analyse des messages à la nation d’Alassane Ouattara (ADO). » Alexandre Djimeli défendait sa thèse devant un jury composé d’éminents professeurs dont entre autre les rofesseurs Charles Robert Dimi qui officiait en tant que président du jury,  Pierre Fandio de l’université de Buea qui a été l’un des examinateurs et Jean Jacques Rousseau Tandia Mouaffo, l’un de ses encadreurs. Après avoir planté le décor, le président du jury a donné la parole au candidat.

Alexandre Djimeli a dans un premier temps fait écouter au jury ainsi qu’à l’assistance le message de ADO à la nation le 11 avril 2011, jour de l’arrestation de Laurent Gbagbo. Un discours dans lequel il invitait les ivoiriens à tout faire pour que la paix revienne dans leur pays. Il a ensuite présenté la quintessence de sa thèse dans les limites prévues par le jury à savoir 25 minutes. Ce travail scientifique s’est appuyé sur un corpus constitué des textes contenant les messages à la nation de ADO, les articles de presse, les émissions radio et télé et enfin les articles sur les sites web. A côté de ce corpus, il a consulté les ouvrages théoriques et généraux ainsi que les observations de terrain effectuées quelques années plutôt. Pour tirer les informations les plus crédibles, cohérentes et pertinentes de ces corpus, il y a exercé une méthodologie spécifique à savoir la critical discourse analysis qui se décline en deux approches : l’approche sociocognitive d’une part et l’approche historique d’autre part. Ainsi il a organisé sa présentation autour des objectifs, des questions et des hypothèses de recherche. Il a, en dernier ressort, présenté les résultats obtenus.

Le Dr Djimeli reçoit les félicitations du Pr Fandio, examinateur dans le jury. Crédit image: U.T.
Le Dr Djimeli reçoit les félicitations du Pr Fandio, examinateur dans le jury. Crédit image : U.T.

Il en ressort que les messages à la nation d’Alassane Ouattara sont premièrement des discours de légitimation de soi et de légitimation de l’autre. Pour Alexandre Djimeli, le contexte de production de ce discours, l’autoreprésentation d’ADO et la place qu’occupe la France montrent qu’il s’agit d’un « discours intrinsèquement polémique » qui porte les germes de son rejet par le camp d’en face. Ils contiennent ensuite une offre de réconciliation nationale presque démagogique. Le candidat se sert par exemple de l’accident énonciatif au sujet de l’énonciation de la mise en place de la Commission dialogue vérité et réconciliation (CDVR) dans son message à la nation le 11 avril, de la priorité au châtiment pour le camp d’en face pour présenter ce discours comme un discours démagogique. Enfin, Alexandre Djimeli observe dans ce discours de sortie de crise un effort de concrétisation des promesses tenues même s’il reste insuffisant. A ce sujet, il fait remarquer que la CDVR est effectivement fonctionnelle et selon son président Charles Konan Banny, 80 % des Ivoiriens sont favorables à la réconciliation.  Malgré ces résultats, il fait remarquer que plusieurs partisans de Laurent Gbagbo sont encore emprisonnés pour certains et en exil pour d’autres. Le coût de la vie reste toujours élevé alors que le pays reste encore dépendant de l’extérieur. Il a terminé son propos en proposant la prise en compte du « triangle des intérêts » des différents acteurs pour sortir définitivement de la crise. Il s’agit des intérêts du chef ou leader politique qui veut exercer le pouvoir, ceux de la population que l’on veut gouverner et enfin ceux des partenaires qui apportent leur soutien au leader.

Après avoir épuisé le temps imparti, le président du jury a repris la parole pour organiser les échanges ainsi que les questions adressées au candidat. Les membres du jury ont d’abord tenu à reconnaître l’originalité et l’actualité d’un tel travail. Ils ont également salué la ponctualité du candidat qui a respecté les 3 années requises pour achever sa thèse et la défendre. Ils n’ont pas manqué de relever le caractère interdisciplinaire de ce travail qui a rehaussé son importance dans la mesure où nous vivons à une époque scientifique où le décloisonnement entre les sciences est, en plus d’être encouragé, promu. Le jury a enfin apprécié l’accessibilité de la thèse tant au niveau de la forme qu’à celui du fond. Car, comme l’a noté le professeur Marthe Isabelle Edande Abolo, le travail est bien écrit.

Le collège de maîtres qui a évalué ce travail n’a pas éludé les insuffisances de la thèse. Même s’ils ont précisé que ces insuffisances n’enlèvent en rien la qualité scientifique de la thèse, ils ont relevé des lacunes. Il y a par exemple l’absence d’index qui aurait permis, selon le professeur Fandio, de savoir la distribution des auteurs en fonction des chapitres. A ce sujet, un autre examinateur, le professeur Germain Eba’a a suggéré au candidat d’ajouter l’index des notions et des auteurs.

En 4 h35min, le jury a jugé si Djimeli Alexandre est scientifiquement apte à accéder au diplôme de docteur/Phd. Après avoir délibéré, le jury a beaucoup apprécié la qualité du candidat à défendre aisément son travail. Il lui a décerné le diplôme de Docteur Phd en Littérature et culture option Etudes africaines avec la mention très honorable.

Félicitations au nouveau Dr.

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