La Démocratie c’est plus que les chiffres, ce sont des valeurs

1 novembre 2014

La Démocratie c’est plus que les chiffres, ce sont des valeurs

Crédit photo: pixabay.com
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Tout le monde à peu près sait ce que c’est que la démocratie. Mais, en réalité, très peu savent les valeurs de fonds qui sous-tendent ce projet. On est plus préoccupé par la quantité, la forme au lieu de la qualité ou le fond.

Depuis que j’écoute les débats dans les chaines de télé au sujet de la démocratie, c’est toujours en termes de nombres de médias créées, les associations qui ont vu le jour, les partis politiques qui sont crées. Mais jamais, on ne fait allusion aux valeurs démocratiques dont la plus importante est l’acceptation de l’autre en tant que singularité différente de moi mais avec qui je dois partager la vie. Cette perspective n’a jamais été évoquée et n’est jamais envisagée. Chacun (y compris moi) est un petit tyran à son niveau qui fait de sa volonté et de ses idées, la volonté de Dieu. Des monologues s’en suivent dans lesquels on n’écoute personne. C’est chacun qui parle et qui estime avoir raison.

Les opinions différentes dérangent, énervent et choquent même parfois. C’est chacun qui veut imposer la sienne et faire régner l’unanimisme. Au niveau national, le différent n’a jamais été envisagé comme un alter ego mais comme un ennemi. C’est la raison pour laquelle depuis les premières heures de la postcolonie, le différent, l’opposant a toujours été appréhendé comme un ennemi. Le vocable utilisé dans les années 1960 était « terroriste » ou encore « maquisard ». L’opposant était un ennemi de la construction nationale par exemple. C’est la raison pour laquelle Ahidjo a uniformisé la vie politique en mettant sur pieds en 1966 le parti unique qu’il appelait « Grand parti national » dans lequel allait se réaliser l’unité nationale. Pour lui, s’il y’avait plusieurs partis, on allait être des ennemis et la nation serait difficilement construite. Après lui, Paul Biya a peut-être ouvert officiellement la vie politique mais ce fut une ouverture quantitative et non qualitative. Il s’est plus intéressé au nombre qu’aux valeurs. Dans le fond, l’esprit est le même. L’opposant ou celui qui pense différemment par rapport aux voies devant conduire à la prospérité est toujours appelé comme un ennemi. En 1992, Paul biya demandait aux Camerounais de choisir entre le « Renouveau » qu’il représentait et le chaos que les autres partis représentaient. Plus proche de nous, les concepts de « Apprentis socrciers », « ennemis de la nation » ou encore « monuments du chaos » sont utilisés par Paul Biya ou ses créatures pour parler de ceux qui ne pensent pas comme eux. L’acceptation de l’autre dans sa singularité, tout simplement parce qu’il est « autre » comme le disait Tzvetan Todorov n’est pas une réalité ou ne préoccupe pas les gens. Ce qui les préoccupe ce sont les chiffres, les nombres, les formes et non les valeurs. Pas que les nombres ne soient pas importants mais ils doivent s’appuyer sur des valeurs

La démocratie a toujours été pensée et expliquée en termes quantitatifs au Cameroun et dans certains pays africains. Plusieurs partis, plusieurs médias, plusieurs associations. Elle n’a jamais été envisagée en termes qualitatifs, en termes de valeurs partagées, de différences acceptées. On s’est plus contenté à travailler pour les chiffres qui ne sont que des éléments de formes et non pour  les valeurs qui sont des éléments de fond. C’est l’une des raisons (importante) pour laquelle la Démocratie ne prend pas corps dans certaines sociétés africaines. Mais comme le montrent de plus en plus les événements, les sociétés africaines sont prêtes à prendre leur destin en main.

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