Paul Biya brillera encore par son absence au sommet de l’Union africaine

29 janvier 2014

Paul Biya brillera encore par son absence au sommet de l’Union africaine

J’ai écouté le journal de 06h ce matin sur la Radio nationale du Cameroun, la CRTV. Le journaliste, Blaise Testelin Nana, a donné une information qui est devenue traditionnelle dans notre pays:

le chef de l’Etat Paul Biya sera représenté à ces travaux (sommet de l’Union Africaine (UA) à Addis-Abeba les 30 et 31 Janvier prochain) par le ministre des relations extérieures Pierre Moukoko Mbonjo.

Eh oui! L’Union Africaine tient son 22ème sommet du jeudi 30 au vendredi 31 Janvier prochain c’est à dire à partir de demain. Et comme d’habitude, le président du Cameroun, Paul Biya, se fait remarquer par son absence. Or ce n’est pas un moindre sommet. Le thème est assez éloquent et d’actualité lorsqu’on connait le chemin que l’Afrique a à faire. Il s’agit de « Agriculture et sécuritaire alimentaire ». C’est un sommet d’une importance capitale quant on sait que le Cameroun importe encore beaucoup de denrées alimentaires de l’extérieur. En plus, le contexte africain marqué par les crises aux portes du Cameroun (République centrafricaine) et au Mali devraient permettre au chef de l’État de briller par sa présence et de mettre en valeur son « leadership ».  Au lieu de ça, il envoie le ministre des relations extérieures.

Paul Biya, President of the Republic of Cameroon, addresses the general debate of the sixty-fourth session of the General Assembly.25/Sep/2009. United Nations, New York. UN Photo/Marco Castro. www.unmultimedia.org/photo/
Paul Biya, President of the Republic of Cameroon, addresses the general debate of the sixty-fourth session of the General Assembly.
25/Sep/2009. United Nations, New York. UN Photo/Marco Castro. www.unmultimedia.org/photo/

Comme il avait déjà fait lors des obsèques de Nelson Mandela. En effet, le ministre des relations extérieures Pierre Moukoko Mbonjo avait également représenté le chef de l’Etat le 10 Décembre dernier à Soweto lors des obsèques rendus par la planète entière à Nelson Mandela. Plus de 90 chefs d’Etat étaient présents. Celui du Cameroun a trouvé mieux d’envoyer un représentant. C’est vrai que c’était une présence symbolique sans enjeux particuliers. Quelques temps après, au plus fort de la crise en Centrafrique, le président du Cameroun a encore snobé ses pairs de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) le 09 Janvier dernier lors du sommet sur la crise en Centrafrique. Il y était question de:

réfléchir sur les voies de sortie de la crise qui ébranle la République centrafricaine depuis le coup d’Etat perpétré par les rebelles de la Séléka conduits par Michel Djotodia.

Quelques semaines plus tard, alors que la présidente de transition du même pays, Cathérine Samba Panza prêtait serment, le chef de l’Etat camerounais s’est une fois de plus fait représenté par le premier ministre, Philémon Yang. C’est une absence remarquée qu’on observe de plus en plus.

Certains diront peut-être que c’est le premier ministre, c’est le ministre de des relations extérieures et donc c’est toujours le Cameroun. Mais ils se trompent car la diplomatie personnelle compte en ces temps de mondialisation. Lorsque le chef de l’Etat est absent, on ne peut pas considérer les points de vue de ses représentants au même titre que les siens. Aussi, compte tenu des enjeux de telles rencontres, des objectifs du Cameroun de se positionner en tant que leader politique et économique de la sous-région Afrique Centrale, il est important pour notre président d’être souvent présent et de faire entendre la voix du Cameroun à ces sommets. D’autres personnes diront qu’il est fatigué (à cause de ses 81 ans donc 30 ans au pouvoir et plus de 50 ans dans la haute administration)  mais pourquoi dès que la France convoque un sommet, il court pour assister?  Dès qu’il est invité en Europe, il répond rapidement à l’invitation. Il y a dissonance.

Nous vivons une époque où il faut être rapide, compétitif mais également prendre les devant de la scène et les initiatives pour évoluer. Pendant que le président camerounais envoie des représentants, ses homologues du Gabon, du Tchad, du Congo… se déplacent pour faire entendre la voix de leur pays à cette rencontre. Pour être leader d’une sous-région, il ne faut pas seulement s’enorgueillir des atouts naturels que nous possédons. Mais il faut surtout poser des actions, prendre des initiatives, être au devant de scène. Dans l’optique de traduire ces atouts naturels (populations, position, superficie…) en réels facteurs de leadership dans la sous-région, il est nécessaire que Paul Biya soit  plus absent et concerné par les questions africaines.

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