Alain Foka, un journaliste au service de la promotion de l’histoire africaine

28 février 2014

Alain Foka, un journaliste au service de la promotion de l’histoire africaine

Alain Foka, journaliste camerounais producteur de plusieurs émissions sur la  Radio France Internationale (RFI) était l’invité jeudi 27 février de l’émission Entretien avec… de Thierry Ngogang sur la chaîne camerounaise Spectrum Television (STV). Tout au long de cet échange, Alain Foka est revenu sur un projet qui lui tient à coeur, sa priorité : la promotion de l’histoire africaine.

Alain Foka, lors de la séance dédicace du coffret Archives d'Afrique au Bénin. Crédit image: alainfoka.com
Alain Foka, lors de la séance dédicace du coffret Archives d’Afrique au Bénin. Crédit image: alainfoka.com

Avec Alain Foka, Thierry Ngogang a abordé plusieurs thèmes, des questions d’actualité liées au Cameroun, notamment la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun, un moment historique, clé. Il a également salué la mémoire de Charles Ateba Eyene, homme politique et journaliste camerounais très populaire, décédé il y a une semaine. Ce qui m’a le plus marqué dans cet entretien, ce sont les raisons qui l’ont amené à produire et présenter des émissions qui gravitent autour d’un projet : raconter l’Afrique par elle même.

En effet, Alain Foka est né au Cameroun, dans la ville de Douala en 1964. Il y a fait ses études au jusqu’à l’obtention du baccalauréat. Tout au long de son cursus , il a été marqué par la mise sous silence de l’histoire du Cameroun au bénéfice de l’enseignement de l’histoire et la géographie de la France. Mais, c’est en Europe, au contact des autres personnes qu’il a pris conscience de cette lacune. Après des études à Sciences Po, au Centre de formation des journalistes (CFJ) et à l’Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA), il  travaille à Europe 1 et France Inter au début de la décennie 1990. Mais, : « Travailler pour une radio où on a des clichés sur l’Afrique »  le rendait malade dit-il. Il avait donc besoin de trouver un cadre adéquat où il pouvait parler de l’histoire de l’Afrique. Dès que l’opportunité s’est présentée en 1993, il n’a pas hésité à rejoindre Radio France Internationale.

Alain Foka, à Niamey, Décembre 2011. © Delphine Michaud
Alain Foka, à Niamey, décembre 2011. © Delphine Michaud

A Radio France Internationale, il lui est demandé de réaliser un magazine. Il se souvient alors qu’il ne connaît pas l’histoire de l’Afrique et que c’est également le cas pour de nombreux jeunes Africains. Il se souvient donc du magazine mémoire d’un continent qu’il a beaucoup aimé et écouté pendant son enfance. L’heure est venue pour lui de raconter l’histoire de l’Afrique avec un regard africain. Parce que selon Alain Foka, :  » L’histoire africaine était jusque-là mal racontée « . C’est ainsi qu’il lance en septembre 1993 le magazine Archives d’Afrique. Il est question pour lui de raconter l’histoire du continent à travers les grands hommes. Il se sert des archives sonores et autres archives disponibles. Ces archives n’étaient pas très souvent disponibles parce que dans les pays africains, lorsque le colon partait, soit il  » détruisait les archives, soit il les emportait « . Il était donc urgent, pour lui, de raconter cette histoire-là en laissant parler les acteurs. Dans cette perspective, il a produit plusieurs émissions sur des personnalités politiques africaines, d’abord les pères fondateurs c’est-à-dire les premiers dirigeants africains après la décolonisation, ensuite les leaders africains du XXe siècle. L’émission ne s’est pas limitée ou enfermée sur ces personnalités. Elle a été ouverte aux icônes noires américaines, aux intellectuels et hommes de culture. C’est ainsi qu’il a consacré des émissions à Martin Luther King, Pelé, Salif Keita, Cheikh Anta Diop, Camara Laye, Sembène Ousmane, Malcolm X, Marcus Garvez. Cette appropriation du passé à laquelle le célèbre journaliste invite les Africains est la première étape d’un projet qui consiste à laisser les Africains raconter et écrire leur histoire pour que le continent ne soit plus présenté comme la capitale du malheur, mais également comme un lieu d’espoir.

C’est fort de cela qu’il a lancé Médias d’Afrique qui consistait à donner la voix aux journalistes africains pour qu’ils partagent leurs points de vue sur les questions africaines et mondiales. Mais par la suite, cette émission a été remplacée par le débat africain qui est toujours diffusé. Le débat africain est une « tribune donnée aux Africains » afin qu’ils échangent sur tous les sujets d’actualité.

Alain Foka sur le plateau de STV. Crédit image: thierry Ngogang.
Alain Foka sur le plateau de STV. Crédit image : Thierry Ngogang.

L’émission Afrique plus qui n’est plus diffusée reviendra prochainement selon Alain Foka. L’objectif de ce programme est de « promouvoir et faire connaitre les réussites africaines». C’est la raison pour laquelle, il présente essentiellement les portraits des créateurs de richesse du continent, ceux qui entretiennent l’espoir et inscrivent l’Afrique dans le futur. La finalité étant de déconstruire le cliché qui présente l’Afrique comme la capitale mondiale des malheurs pour susciter l’espoir chez les jeunes.

C’est ce projet qui a pour objectif de promouvoir l’histoire de l’Afrique en la racontant et en l’écrivant, de faire parler l’Afrique par elle-même, à travers les médias qui me semble intéressant. Et les jeunes Africains gagneraient à écouter ces émissions pour comprendre le continent, apporter des solutions endogènes, adaptées aux problèmes du continent, et surtout, ce projet permet aux jeunes de connaître leur histoire, l’histoire de l’Afrique, l’âme de ce continent. Car, comme il a coutume de le dire à l’entame de son magazine Archives d’Afrique,

 » Nul n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un peuple, car un peuple sans histoire est un monde sans âme « 

Ce travail permet aux jeunes de savoir qu’il y a en Afrique, en plus de la famine, des créateurs de richesse, ceux qui entretiennent l’espoir et inscrivent le continent dans le futur.

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