Cameroun : pourquoi des images du président Paul Biya dans une université?
Plusieurs Camerounais savent que les images du président de la République Paul Biya sont devenues une sorte d’emblème national qu’on retrouve partout : dans les services publics, les bureaux, les maisons, les chambres, les rues … Et récemment, j’ai découvert que ces images de notre président se trouvent également dans les amphithéâtres. Mais pourquoi ?
J’ai récemment visité un des amphithéâtres les plus huppés et les plus prestigieux de l’université de Yaoundé 1. Il s’agit de l’amphi 700, situé en face du rectorat de ladite université. J’ai été impressionné par la qualité, la beauté de ce bâtiment. Une chose m’a surpris toutefois, ce sont les trois portraits du président de la République du Cameroun.
Lorsqu’on entre dans cet amphithéâtre, disais-je, on est étonné par la présence imagée du chef de l’Etat camerounais. Deux photos de Paul Biya sur le podium et une au fond de la salle. Que font ces images dans un tel endroit, lieu par excellence de production du savoir ? Ne représentent-elles pas un culte effréné de la personnalité qui habite les imaginaires depuis la fin officielle de la colonisation ?
A quoi serviraient ces images si ce n’est de renforcer et d’augmenter la présence du chef dans les imaginaires et les consciences des étudiants ? A quoi serviraient-elles si ce n’est d’inscrire dans la conscience des uns et des autres un unanimisme délétère alors même que l’université est un lieu où le pluralisme doit être encouragé ? Cette présence m’inspire deux réflexions.
Premièrement, on raconte partout que l’école, et donc l’université est apolitique. Avec une telle image qui est politique dans une université, on s’interroge ? Cet apolitisme de l’université est-il à géométrie variable ? Certains ont-ils le droit d’ habiter politiquement l’espace universitaire et d’autres non ?
Il est souvent dit que l’université est un lieu du savoir. Or les maîtres-penseurs sont d’avis que le savoir n’est produit qu’après un exercice rigoureux de critique. Mais avec l’inflation de l’image d’un homme politique sur les campus (amphithéâtre, bureaux…), on craint que l’université ne dise une chose et son contraire. Dire aux jeunes chercheurs d’être critiques, mais mettre sur pied l’habillage nécessaire pour contrecarrer cet esprit critique, c’est paradoxal.
Ces images ont leur place dans des domiciles privés, dans les maisons du parti au pouvoir, dans d’autres lieux, mais pas dans un amphithéâtre.
Bonne année 2014! Vivement que cette année soit pour vous une année d’amour et de réalisation. Je vous souhaite, sous l’inspiration de Saint-Augustin: » Aimez et faites ce que vous voulez. «
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