Keleng, un village dans la cité des savoirs

10 juillet 2014

Keleng, un village dans la cité des savoirs

[Carte] La route qui mène dans mon quartier, Keleng. Une vue de Google map. Ce qui est appelé « Aéroport de Dschang » sur cette carte s’appelle aujourd’hui aviation puisque l’aéroport ne fonctionne plus. C’est la route qui se situe entre « Dschang airport » et « le lac municipal » qui est la voie principale pour rallier le quartier Keleng.

Je vis à Dschang depuis cinq ans. J’y suis arrivé après avoir obtenu mon baccalauréat. Cette ville abrite depuis 1993 une université publique. Et progressivement, le peuplement de Dschang s’est accentué avec la mise en place de cette université. Lorsque je suis arrivé à Dschang, j’ai vécu dans un quartier pendant trois bonnes années. Après, j’ai voulu découvrir autre chose, j’ai déménagé pour le quartier Keleng. Situé derrière l’université de Dschang, ce quartier est atypique. Enclavé et coupé de la ville, il accueille un bon nombre d’étudiants.

La barrière de pluie à Keleng pendant la saison sèche.
La barrière de pluie à Keleng pendant la saison sèche.
Une vue de la route de Keleng pendant la saison sèche. Crédit photo: Ulrich tadajeu
Une vue de la route de Keleng pendant la saison sèche. Crédit photo: Ulrich Tadajeu

Keleng est un quartier de Dschang situé à 10 minutes du campus universitaire, entre ledit Campus et le village Bafou venant de « Batsengla ». Pour rallier ce quartier, il y a deux possibilités. Soit venant du centre-ville, on passe par l’entrée de l’université et on traverse l’aviation. Soit, on prend le chemin de l’université et tous les raccourcis qui s’imposent, ou enfin l’entrée venant du palais de justice. Tous les chemins mèneront à Rome. Surtout que dans l’un ou l’autre cas, celui qui veut rallier le quartier devra braver soit la poussière extrême si c’est en saison sèche ou alors une boue crépitante si c’est en saison pluvieuse comme c’est le cas actuellement.

L’autre aspect de ce quartier est son paradoxe. Pour s’y rendre, c’est toujours une équation compliquée à résoudre. En saison sèche, la poussière est débordante. Pendant la saison pluvieuse, la pluie ne se laisse pas faire. On a souvent vu des « benskinneurs » refuser de s’y rendre à cause de la boue. Quand bien même ils décident de vous y transporter, c’est à un prix extraordinaire. En plus, c’est un quartier noir, mort et silencieux. Tout est sombre lorsque tombe la nuit. Mort et silencieux parce qu’après 20 heures, il y règne un silence de cimetière. Pas de lampadaire, pas de lumière. Pas de musique, pas de coins chauds et animés. Le quartier dort. On entend plus que le bruit du silence. Difficile de rallier le centre-ville à ce moment si ce n’est à pied. Car les « motos-taxis », principaux moyens de transport sont absentes.

La route qui mène à Keleng venant de l'aviation pendant la saison pluvieuse. Ulrich Tadajeu
La route qui mène à Keleng venant de l’aviation pendant la saison pluvieuse. Ulrich Tadajeu

C’est pourtant un quartier de jeunes étudiants. On y trouve tout de même les denrées de première nécessité. On y trouve également quelques bars qui ferment avant 21 heures. Un terrain de football qui est le principal cadre de socialisation dans ce quartier avec les différentes compétitions qui y sont organisées. Même si on peut trouver des familles en Keleng, la majorité de la population est estudiantine.

Une rencontre de football au stade "wembley" de Keleng. Ulrich Tadajeu
Une rencontre de football au stade « wembley » de Keleng. Ulrich Tadajeu

Les résidences universitaires sont beaucoup plus nombreuses que les habitations familiales. Et c’est peut-être à ce niveau que se trouve le charme de ce quartier. Les résidences universitaires sont moins onéreuses qu’en ville. Avec 150 000 F Cfa il est possible d’avoir une chambre très confortable et spacieuse. Ce qui n’est pas le cas en ville. Avec une pareille  somme il est impossible d’avoir le même confort. C’est un atout de Keleng.

Zone de transit des populations rurales vers le centre urbain, Keleng est un quartier stratégique, mais très enclavé. La population jeune est importante, ce quartier apparaît comme le « village » de Dschang. Du moins, c’est ce que pensent plusieurs étudiants parce qu’il est fermé, enclavé, sombre et obscur. Mais au fond de ces ténèbres, il y a des notes d’espoir à savoir le coût relativement accessible des résidences universitaires, mais surtout les belles cités et les jolies créatures qui s’y trouvent. Ça n’empêche que mon quartier reste le village de la cité des savoirs.

NB : ce texte fait partie des exercices que nous avons faits lors de notre formation mondoblog tenue au mois de mai dernier à Abidjan.

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Commentaires

FEUKENG
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haha Ulrich. c'est gentil de parler de Keuleng Poussière. ce fameux quartier! je me rappelle quand j'étais à Dschang, mes amis et moi nous nous moquions toujours de ceux qui venaient de là! trop de préjugés, mais c'était l'époque!