Sur les traces de Ruben Um Nyobè
Une semaine après l’excursion à Akometan, je suis allé sur les traces de Ruben Um Nyobe, pionnier de l’indépendance et de la Réunification du Cameroun. C’était hier, le 12 Octobre 2014. Avec les blogueurs camerounais et autres web activists dans le cadre d’une excursion organisée par Florian Ngimbis, nous avons visité le cimétière où se trouve la tombe du « Mpodol » comme on l’appelait. C’est-à-dire celui qui parle pour les autres. Car, le 17 décembre 1952, Um Nyobe est allé à la tribune des nations unies pour parler pour les autres, pour parler des souffrances des Camerounais. Je suis donc allé sur ce lieu rempli d’émotions et de souvenir. Souvenir d’une souffrance, souvenir des souffrances de Camerounais qui ont eu une vision pour ce pays, ces Camerounais qui étaient prêts à tout donner pour la libération des autres.
Nous y sommes allés pour retourner aux sources non pas lointaines mais récentes de ce que nous sommes. Parce que, quoiqu’en disent les dirigeants postcoloniaux, ce sont eux qui ont posé les fondations de la nation camerounaise. Partir sur les traces de Ruben était un acte de reconnaissance personnelle mais aussi d’engagement personnel pour ne pas éteindre la flamme qu’il a allumée. Peut-être que les moyens ne seront pas les mêmes parce que les contextes ont changé. Mais la liberté pour laquelle il se battait n’est pas toujours une réalité. Lorsque je parle de liberté, certains verront directement les relations France-Afrique. Non, même le frère restreint désormais la liberté pour son frère. C’est de ça qu’il s’agit. Des jeunes de l’Association pour la Défense des Droits des Etudiants (ADDEC) sont actuellement brutalisés dans leurs universités et dans une commissariat du Cameroun parce qu’ils ont défendu leurs droits ainsi que ceux des autres étudiants. Ils ont parlé pour les autres dans un état où l’auto-censure empêche les gens de s’exprimer librement. Est-ce pour cette liberté à géométrie variable que s’est battue Um Nyobe? Non, ça ne l’est pas. En refusant de parler de lui, en restreignant les libertés, le régime camerounais continue d’assassiner ce parent mort pour la liberté du Cameroun.
A Eseka, nous avons vu où est enterré Ruben Um Nyobe. Nous avons vu la brousse dans laquelle se trouve sa tombe qui, ailleurs, serait un monument ou un musée. Mais non, c’est une brousse, une tombe qui passe inaperçue. Mais, l’action des blogueurs et web activistes camerounais est pleine d’espoir . Elle montre que les jeunes sont prêts à connaitre leurs sources, leurs origines sans l’autorisation de qui que soit. Elle montre qu’on peut utiliser les réseaux sociaux pour poser des actions de changement. Elle montre que Ruben Um Nyobe est là. Il est présent. Il n’a pas besoin que naissent d’autres Um Nyobe mais plutôt d’autres Camerounais animés par un désir: contribuer au progrès de la communauté chacun à partir de son domaine de spécialisation. Que ce soit l’étudiant, l’ouvrier, le balayeur de rue, l’ingénieur, l’enseignant…, ton action doit avoir cette finalité. Je dois tout de même reconnaître que les jeunes de notre temps ont une chance: les réseaux sociaux. Faisons bon usage et profitons-en!
NB: #RememberUmNyobe sur twitter pour toutes les infos et images à propos de cette excursion.
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