Ulrich Tadajeu

L’Université de Dschang s’engage à barrer la voie à Boko Haram

Le professeur Anaclet Fomethe, recteur de l'Université de Dschang. (Crédit Photo: Ulrich Tadajeu)
Le professeur Anaclet Fomethe, recteur de l’Université de Dschang. (Crédit Photo: Ulrich Tadajeu)

Le président du Cameroun, Paul Biya, avait lors du sommet sur la sécurité de Paris en France déclaré la guerre à la secte islamique Boko Haram qui fait des ravages dans la partie septentrionale du Cameroun. Selon certaines informations, les membres de cette secte se dissimulent dans les villes du Cameroun pour commettre des actes de vandalisme. Dans ce contexte, le recteur de l’Université de Dschang, Anaclet Fomethe a convié les responsables et leaders d’étudiants à une réunion d’information sur la question. Elle s’est tenue le 18 Juin dans la salle des spectacles et conférences de l’Université de Dschang.

Les leaders d'étudiants de l'Université de Dschang. (Crédit Photo: Ulrich Tadajeu)
Les leaders d’étudiants de l’Université de Dschang. (Crédit Photo: Ulrich Tadajeu)

Le Professeur Anaclet Fomethe a rappelé le caractère laic de l’Etat Camerounais et le contexte d’une telle réunion. Il a invité les étudiants de son Université à être conscients de cette situation pour que toutes les composantes de l’institution prennent des mesures pour barrer la voie au terrorisme. Il a demandé aux étudiants d’être épris de paix, d’être solidaires au chef de l’Etat pour lutter contre la « secte islamique Boko Haram ». Pour le faire, des dispositions spéciales ont été prises de commun accord.

 Les leaders d’étudiants doivent sensibiliser leurs camarades dans les amphis, les minis cités sur les valeurs républicaines et le danger Boko Haram. Ils doivent par ailleurs signaler aux autorités universitaires et aux forces de l’ordre s’ils observent chez leurs voisins ou camarades des comportements et des situations étranges ou anormales. Il serait mieux de ne pas banaliser ces attitudes. Ces attitudes préventives permettront, selon le Recteur, de porter la paix dans tous les cœurs et les domiciles pour barrer la voie à Boko Haram. Les délégués d’étudiants ont ainsi été mis en mission contre ce phénomène qui est de plus en plus présent en terre camerounaise.


Samuel Eto’o incertain pour la suite du mondial

Samuel Eto'o Fils lors du match contre le Mexique. (Crédit photo: fifa.com)
Samuel Eto’o Fils lors du match contre le Mexique. (Crédit photo: fifa.com)

Le capitaine de l’équipe de football du Cameroun a rendu public un communiqué sur sa page facebook dans lequel il indique ceci:

Après le match contre le Mexique vendredi dernier, Samuel Eto’o n’a pas assisté aux différentes séances de décrassage des lions indomptables qui ont suivi du côté de Vitoria. Selon Camfoot, il est resté à son hôtel les 14 et 15 juin. Le sélectionneur des Lions indomptables Volke Finke a confirmé cette information et a avancé les raisons de cette absence lors de son point de presse dimanche au Stade Kleber Andrade de Vitoria :

Il (Samuel Eto’o) a un problème au genou droit qu’il avait déjà en fin de saison avec son club de Chelsea. Il ne s’est pas entraîné hier (samedi) ni aujourd’hui (dimanche)

Il faut rappeler que depuis la fin de saison avec Chelsea, Samuel Eto’o souffre de son genou. Pendant les rassemblements lors des préparations, le staff annonçait régulièrement ces pépins au niveau du genou. Ces problèmes l’ont empêché de jouer les deux premières rencontres de préparation contre la Macédoine et le Paraguay. Invité du 07h15 sur le poste national de la Cameroon radio Television (CRTV) ce matin, le capitaine des lions indomptables a déclaré:

Je traîne une blessure depuis bientôt 3 mois et demi. Je n’ai pas eu le temps de récupérer. Même la préparation avant la coupe du monde, vous avez vous que je n’ai pas beaucoup participé jusqu’au match face à l’Allemagne. Avec un travail fait par mon physiothérapeute personnel, nous avons essayé de revenir. Malheureusement, il a eu un problème. Sa femme a eu un accident et il est reparti en Belgique. Lors du dernier match à la 9ème minute, j’ai ressenti la même douleur. J’ai essayé de finir la rencontre. Mais après consultation du staff médical, on a jugé bon qu’il me fallait un repos.

Il s’agit donc d’un mal qui a resurgi lors du match contre le Mexique. Samuel Eto’o sera probablement absent lors du match déterminant contre la Croatie ce mercredi à 23h, heure du Cameroun. Car il faut rappeler que la défaite contre le Mexique à la première journée oblige les lions indomptables à vaincre la Croatie s’ils veulent traverser le premier tour. Sans leur capitaine, les lions ont-ils les ressources pour venir à bout de la Croatie et du Brésil le 23 Juin prochain?


Le Barcamp, un vivier de valeurs

Les Mondoblogueurs pendant le Barcamp à Abidjan. © Ulrich Tadajeu
Les Mondoblogueurs pendant le Barcamp à Abidjan. © Ulrich Tadajeu

Parfois, on sous-estime ce qu’on peut apprendre des autres. On considère que nous sommes les mieux outillés pour exprimer ou épuiser toute la réalité. Ce qui est évidemment faux. On ne côtoie la réalité qu’en diversifiant les sources pouvant nous permettre de comprendre le monde. C’est la leçon que je retiens du Barcamp auquel j’ai pris part lors de mon récent séjour de formation à Abidjan. J’ai essayé de le partager avec des amis de ma faculté, la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH) de l’Université de Dschang. J’ai pu me rendre compte de ce qu’on peut gagner en initiant ou en participant à un Barcamp.

Au-delà des définitions, j’ai retenu que le Barcamp est un cadre d’échange et de partage dans lequel tout le monde est producteur et récepteur d’idées. Personne ne vous impose un thème de réflexion mais tous ensemble vous le définissez. Personne ne monopolise la parole pour vous donner des leçons comme c’est le cas lors des conférences standard. Mais tout le monde partage ce qu’il connait au sujet d’un thème. Voilà ce que j’entends par Barcamp. Des valeurs spécifiques sont à retenir et à expérimenter.

Le tableau blanc qui noircissait lors du Barcamp à Abidjan. © Manon Mella
Le tableau blanc qui noircissait lors du Barcamp à Abidjan. © Manon Mella

 

L’humilité et l’écoute des autres.

C’est souvent difficile pour les uns d’écouter ce que pensent les autres. Parfois, on balaie d’un revers de la main sous prétexte que ceux qui avancent ces idées n’ont pas la qualification requise pour aborder un sujet précis. Or, la lumière peut jaillir de partout et surtout des lieux où on l’attend le moins. Le Barcamp parce que c’est tout le monde qui fait des propositions nous apprend l’humilité et l’écoute des autres. Car, comment accepter les propositions de l’autre si on ne peut pas écouter, si on ne peut pas reconnaitre qu’il est en mesure d’apporter quelque chose de neuf et d’original. A la différence de la conférence standard qui est quasiment un monologue de groupes de personnes, le Barcamp est un partage, une écoute réciproque. C’est en ce sens que le Barcamp a renforcé mes convictions sur la richesse que peut être l’écoute des autres et la prise en compte de leurs points de vue. Peu importe leur diplôme ou leur qualification,  leur âge ou leur rang social, leur sexe ou leur origine, ce qui compte c’est la pertinence des idées qu’ils avancent.

Ce sont des valeurs qui obligent à ne pas parler à la place des gens, à les laisser exprimer leurs idées malgré les titubations qui puissent exister. Car, à la différence de ceux qui certains pensent de plus en plus, c’est du contact avec les autres que jaillit la vérité et la sagesse, c’est dans la diversité que se ressent la beauté du monde.  Le Barcamp apprend aussi la liberté.

La Liberté

Dans un Barcamp, les participants sont libres. Ils sont libres d’exprimer leurs idées. Personne ne les contraint à penser d’une façon ou d’une autre. C’est un moment de liberté par excellence qu’il convient d’expérimenter dans les espaces sociaux notamment les Universités. Car la liberté est une valeur ontologique à l’être humain mais elle doit se cultiver dans les différents lieux de socialisation. L’Université peut être un cadre adéquat pour cultiver cette liberté. Ceci à travers des initiatives comme le Barcamp. Le fonctionnement des Barcamps en atelier permet aux participants de s’exprimer en toute quiétude. Ce qui n’est pas toujours le cas dans les conférences comme on les connait. Le fait qu’au début du barcamp, on se présente à travers des mots clés, permet de détendre l’atmosphère, de se familiariser et de mieux exprimer les idées.

C’est pour toutes ces raisons que j’ai particulièrement apprécié le barcamp lors de mon séjour de formation à Abidjan. Je l’ai apprécié parce qu’il m’a aidé à comprendre que dans la vie, parfois c’est celui à qui on pense donner des leçons qui a plutôt des leçons à nous donner. Il m’a permis de comprendre que la sagesse vient du dialogue avec les autres peu importe leurs qualifications. Et c’est de cette diversité créatrice que se ressent la beauté de notre monde.

Je dirai enfin que ceux qui n’acceptent pas les idées différentes sont, eux aussi, des promoteurs à leur niveau de la dictature. Pourtant, il est impossible de croire qu’on peut dicter des manières de faire , de vivre et d’agir uniques aux individus avec autant de possibilités que suggère la diversité.

Par contre, ces valeurs ne serviront à rien si elles ne sont pas intériorisées puis expérimentées au quotidien. Pour ma part, j’estime que l’on n’est jamais vieux pour apprendre. D’ailleurs un dicton répète chaque jour « mieux vaut tard que jamais ». Ce serait une perte de temps de parler de ces valeurs, d’en faire des textes à ce sujet, de les apprendre dans le cadre des activités de groupe sans les vivre quotidiennement.

Pour rendre ces valeurs effectives, je pense qu’il est important que nos lieux de production des savoirs s’inspirent du modèle des Barcamps. On aura une transformation sociale collective, les gens apprendront à défendre leurs idées en public. Et surtout, de la diversité naîtra la lumière censée éclairer les ténèbres qui se vivent actuellement dans « les mondes ».

Un merci spécial et très sincère à Mondoblog grâce qui j’ai fait l’expérience pour la première fois d’un Barcamp.


Guillaume Soro au Cameroun demain

Guillaume Sorro. Photo téléchargé depuis la page facebook de Guillaume Sorro.
Guillaume Soro. Photo téléchargé depuis la page facebook de Guillaume Sorro.

C’est officiel depuis quelques jours si l’on s’en tient aux tweets de Guillaume Soro, Président de l’Assemblée Nationale Ivoirienne. Ce dernier sera en visite au pays des Lions indomptables à partir de demain. Même si les internautes sont au courant de cette information elle vient d’être confirmée par les autorités Camerounaises au journal de 20h sur le poste national de la CRTV.  Le communiqué signé du président de l’Assemblée Nationale Camerounaise, Cavaye Yéguié Djibril, indique que Guillaume Soro, son homologue ivoirien effectuera une visite de travail et d’amitié de 4 jours au Cameroun à partir du 10 Juin.  

En l’espace d’un an (juin 2013 – Juin 2014), quatre hauts fonctionnaires ivoiriens ont visité le Cameroun. Alassane Ouattara avait ouvert le bal en rencontrant particulièrement la presse camerounaise lors de sa participation à la conférence sur la « lutte contre la piraterie maritime et les vols à mains armées dans le golfe de Guinée » tenue à Yaoundé en Juin 2013. Récemment, les plus célèbres ont été les visites de la ministre ivoirienne de la Communication et le ministre de la défense. A cette occasion, Afoussiata Bamba Lamine et Paul Koffi Koffi ont signé des accords avec leurs homologues Camerounais.  La visite de Guillaume Sorro se situe dans la suite de ces visites précédentes.

Le communiqué sur la page facebook de Guillaume Sorro date du 03 Juin.
Le communiqué sur la page facebook de Guillaume Sorro date du 03 Juin.

Les raisons d’une telle offensive diplomatique ont été largement abordées par Alexandre Djimeli dans un dossier qu’il fait dans le quotidien Camerounais « Le Messager » (N 4093 du 06 Juin 2014). Selon lui, cette offensive peut s’expliquer à divers niveau. D’abord au niveau de la coopération entre deux leaders de deux sous-région différente. La Côte d’Ivoire , leader de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) hors mis le Nigéria et le Cameroun, leader de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC). Une coopération nécessaire dans un contexte marqué par la montée en force de certains pays qui veulent tutoyer ces leaders. L’enseignant d’Université estime également que « Abidjan » veut se légitimer dans un Cameroun contestataire.  Alexandre Djimeli convoque ici les débats qui ont eu lieu dans les médias camerounais pendant la crise ivoirienne. Pour une bonne partie des Camerounais qui intervenaient dans les médias, Laurent Gbagbo était le résistant nationaliste ivoirien qui s’oppose au néocolonialisme occidental dont le pion est Alassane Ouattara. C’est donc pour « corriger une image jugée injustifiée sur Ouattara » que ladite offensive se déploie depuis un an selon l’auteur.  Alassane Ouattara viendrait enfin au Cameroun pour se ressourcer chez le vieux sage et président éternel Paul Biya. En effet, vu la capacité de « l’homme lion » à toujours maîtriser la situation politique quand bien même elle semble au bord du précipice, Alexandre Djimeli pense que le président Ivoirien vient solliciter la sagesse auprès du chef de l’Etat Camerounais. D’autant plus que le président ivoirien se prépare à briguer un second mandat lors des élections qui auront lieu en 2015. Mais qu’en pensent les Camerounais au sujet de cette visite? Sont-ils prêts à accueillir Guillaume Soro comme il se doit?

En guise de rappel, le Social Democratic Front (SDF), principal parti d’opposition au Cameroun, a rendu public un communiqué dans lequel il pose des conditions au voyage de Guillaume Soro au Cameroun.  Parmi les conditions évoquées, il y’a entre autres la libération sans condition du Président Laurent Gbagbo. Cette position n’est que le reflet de ce que pense une bonne partie de l’opinion camerounaise et qui s’est manifestée lors des débats sur la crise post-électorale en terre éburnéenne.

En attendant que les raisons effectives de l’offensive ivoirienne au Cameroun se précise, nous disons

« Akwaba à Guillaume Soro »!

NB: Guillaume Soro est l’un des hommes politiques les plus connectés en Afrique et dans le monde. Sa page facebook, son compte twitter et son site internet sont régulièrement à jour


La Côte d’Ivoire en débat à l’université de Dschang

Dr Alexandre Djimeli et les membres du jury. Crédit image: Ulrich Tadajeu
Le Dr Alexandre Djimeli et les membres du jury. Crédit image: Ulrich Tadajeu

 La salle des spectacles et des conférences de l’université de Dschang a abrité mercredi 4 juin 2014, la soutenance de thèse de doctorat Phd de Djimeli Alexandre. Ancien journaliste au quotidien Le Messager, enseignant à l’université de Dschang, le tout nouveau docteur est également chef service de l’information et des conférences dans le même établissement. Le thème de sa recherche portait sur le « Discours de sortie de crise postélectorale en Côte d’Ivoire. Une analyse des messages à la nation d’Alassane Ouattara (ADO). » Alexandre Djimeli défendait sa thèse devant un jury composé d’éminents professeurs dont entre autre les rofesseurs Charles Robert Dimi qui officiait en tant que président du jury,  Pierre Fandio de l’université de Buea qui a été l’un des examinateurs et Jean Jacques Rousseau Tandia Mouaffo, l’un de ses encadreurs. Après avoir planté le décor, le président du jury a donné la parole au candidat.

Alexandre Djimeli a dans un premier temps fait écouter au jury ainsi qu’à l’assistance le message de ADO à la nation le 11 avril 2011, jour de l’arrestation de Laurent Gbagbo. Un discours dans lequel il invitait les ivoiriens à tout faire pour que la paix revienne dans leur pays. Il a ensuite présenté la quintessence de sa thèse dans les limites prévues par le jury à savoir 25 minutes. Ce travail scientifique s’est appuyé sur un corpus constitué des textes contenant les messages à la nation de ADO, les articles de presse, les émissions radio et télé et enfin les articles sur les sites web. A côté de ce corpus, il a consulté les ouvrages théoriques et généraux ainsi que les observations de terrain effectuées quelques années plutôt. Pour tirer les informations les plus crédibles, cohérentes et pertinentes de ces corpus, il y a exercé une méthodologie spécifique à savoir la critical discourse analysis qui se décline en deux approches : l’approche sociocognitive d’une part et l’approche historique d’autre part. Ainsi il a organisé sa présentation autour des objectifs, des questions et des hypothèses de recherche. Il a, en dernier ressort, présenté les résultats obtenus.

Le Dr Djimeli reçoit les félicitations du Pr Fandio, examinateur dans le jury. Crédit image: U.T.
Le Dr Djimeli reçoit les félicitations du Pr Fandio, examinateur dans le jury. Crédit image : U.T.

Il en ressort que les messages à la nation d’Alassane Ouattara sont premièrement des discours de légitimation de soi et de légitimation de l’autre. Pour Alexandre Djimeli, le contexte de production de ce discours, l’autoreprésentation d’ADO et la place qu’occupe la France montrent qu’il s’agit d’un « discours intrinsèquement polémique » qui porte les germes de son rejet par le camp d’en face. Ils contiennent ensuite une offre de réconciliation nationale presque démagogique. Le candidat se sert par exemple de l’accident énonciatif au sujet de l’énonciation de la mise en place de la Commission dialogue vérité et réconciliation (CDVR) dans son message à la nation le 11 avril, de la priorité au châtiment pour le camp d’en face pour présenter ce discours comme un discours démagogique. Enfin, Alexandre Djimeli observe dans ce discours de sortie de crise un effort de concrétisation des promesses tenues même s’il reste insuffisant. A ce sujet, il fait remarquer que la CDVR est effectivement fonctionnelle et selon son président Charles Konan Banny, 80 % des Ivoiriens sont favorables à la réconciliation.  Malgré ces résultats, il fait remarquer que plusieurs partisans de Laurent Gbagbo sont encore emprisonnés pour certains et en exil pour d’autres. Le coût de la vie reste toujours élevé alors que le pays reste encore dépendant de l’extérieur. Il a terminé son propos en proposant la prise en compte du « triangle des intérêts » des différents acteurs pour sortir définitivement de la crise. Il s’agit des intérêts du chef ou leader politique qui veut exercer le pouvoir, ceux de la population que l’on veut gouverner et enfin ceux des partenaires qui apportent leur soutien au leader.

Après avoir épuisé le temps imparti, le président du jury a repris la parole pour organiser les échanges ainsi que les questions adressées au candidat. Les membres du jury ont d’abord tenu à reconnaître l’originalité et l’actualité d’un tel travail. Ils ont également salué la ponctualité du candidat qui a respecté les 3 années requises pour achever sa thèse et la défendre. Ils n’ont pas manqué de relever le caractère interdisciplinaire de ce travail qui a rehaussé son importance dans la mesure où nous vivons à une époque scientifique où le décloisonnement entre les sciences est, en plus d’être encouragé, promu. Le jury a enfin apprécié l’accessibilité de la thèse tant au niveau de la forme qu’à celui du fond. Car, comme l’a noté le professeur Marthe Isabelle Edande Abolo, le travail est bien écrit.

Le collège de maîtres qui a évalué ce travail n’a pas éludé les insuffisances de la thèse. Même s’ils ont précisé que ces insuffisances n’enlèvent en rien la qualité scientifique de la thèse, ils ont relevé des lacunes. Il y a par exemple l’absence d’index qui aurait permis, selon le professeur Fandio, de savoir la distribution des auteurs en fonction des chapitres. A ce sujet, un autre examinateur, le professeur Germain Eba’a a suggéré au candidat d’ajouter l’index des notions et des auteurs.

En 4 h35min, le jury a jugé si Djimeli Alexandre est scientifiquement apte à accéder au diplôme de docteur/Phd. Après avoir délibéré, le jury a beaucoup apprécié la qualité du candidat à défendre aisément son travail. Il lui a décerné le diplôme de Docteur Phd en Littérature et culture option Etudes africaines avec la mention très honorable.

Félicitations au nouveau Dr.


Ivan Bargna « la culture n’existe pas »

Ivan Bargna pendant l'entretien. Crédit image: ulrich Tadajeu
Ivan Bargna pendant l’entretien. Crédit image: ulrich Tadajeu

Anthropologue italien, Ivan Bargna enseigne l’ethnoesthétique à l’université de Milan après avoir enseigné l’art africain à Turin. En séjour au Cameroun, dans la ville de Dschang, il animait le séminaire international organisé au Musée des civilisations de Dschang en prélude à l’exposition universelle « Milano 2015 » qui se tiendra en Italie. Ce séminaire qui s’est déroulé le 29 mai dernier avait pour thème « pratiques culturelles de l’alimentation dans l’environnement rural et urbain : le cas du Cameroun ». Il a publié de nombreux articles scientifiques et ouvrages sur l’art : Art et sagesse d’Afrique noire (Zodiaque, 1998), La couleur dans l’art (Citadelles & Mazenod, 2005). Dans cet entretien, il présente la culture comme une invention politique pour, soit unir les gens à l’intérieur, soit les diviser de l’extérieur. Conçue de cette façon, pour lui, la « culture n’existe pas ».

Tamaa Afrika : Qu’est-ce que la culture ?

Ivan Bargna : La culture du point de vue anthropologique est une création collective. Dans la plupart des cas, cette création est inconsciente c’est-à-dire qu’elle n’est pas programmée. C’est un construit-ensemble qui se fait tous les jours dans la vie quotidienne. L’anthropologie utilise la notion de culture pour individuer des valeurs qui sont des modèles de comportements qui inspirent les actions des gens dans un lieu donné. Quand on utilise l’expression « c’est la culture », ça veut dire que c’est la convention sociale, une invention des hommes. D’habitude, la culture est opposée à la nature. La nature se transmet par voie biologique alors que la culture est un apprentissage qui se transmet de génération en génération.

La culture est un savoir-faire, un savoir pratique. Ce n’est pas un simple concept. Le cas de la nourriture est évident. On apprend certains goûts tout simplement en mangeant. Manger c’est une activité biologique, mais également culturelle dans la mesure où, même si tous les hommes mangent, chacun le fait à sa façon.

Si avant, la notion de culture était réservée aux anthropologues, elle a été divulguée. Aujourd’hui, elle fait désormais partie de la quotidienneté. Dans le discours quotidien, surtout celui de la politique, la notion de culture est utilisée pour rassembler les gens ou pour les diriger dans une certaine direction. La culture s’est solidifiée, s’est réifiée, est devenue presque une chose c’est-à-dire qu’elle a désormais un caractère de solidité qui nous amène à la considérer comme quelque chose de figé,  insensible aux modifications.

C’est une perspective qui est le contraire de la vision anthropologique. Celle-ci insistait beaucoup plus sur la pluralité des cultures et sur le changement.

La culture n’est-elle donc qu’une invention comme vous semblez le dire ?

Oui c’est-à-dire qu’on utilise la notion de culture pour souligner les caractères partagés par les gens en les voyant comme des blocs homogènes qu’on ne peut pas diviser. On voit à l’intérieur des cultures toutes les personnes comme si elles étaient égales les unes aux autres et tout à fait différentes des personnes d’une autre culture. Tout homogène à l’intérieur et tout hétérogène par rapport à l’extérieur tandis qu’il y a toujours des relations, les cultures changent dans leurs échanges et les personnes traversent les cultures. Si on regarde bien, les personnes sont toutes différentes. Mais l’usage de la culture donne des ressources à la politique pour allier les gens et serrer les rangs ou pour les diviser aussi. Les unir à l’intérieur et les diviser de l’extérieur.

Quand on parle de culture, on parle d’une notion. Une notion c’est une abstraction. C’est quelque chose qui peut être utile pour comprendre la réalité, mais c’est autre chose par rapport à ce qui se passe dans la vie quotidienne. La culture c’était quelque chose qui nous aidait à expliquer la réalité, mais aujourd’hui, la notion de culture est passée d’un autre côté. C’est à l’intérieur de la vie quotidienne, ce n’est plus le champ réservé à l’anthropologie. Si avant, la culture servait à expliquer les réalités, aujourd’hui, c’est la culture qu’on cherche à expliquer, à comprendre.

Quelle est la différence que vous pouvez faire entre culture et identité ? 

En tant qu’anthropologue, je préfère lier la culture à la diversité plutôt qu’à l’identité. L’identité c’est quelque chose d’homogène, c’est être égal à soi-même. A = A, pas plus. Il n’y a pas de rapport à l’extérieur tandis que la diversité relève de l’intention de s’ouvrir à l’extérieur et de reconnaître la diversité dans soi-même. Il y a beaucoup de différences. Souvent, on cherche une chose et le contraire. Il y a des ressemblances, des diversités. Ça dépend de l’intention dans laquelle on va l’utiliser, des pratiques concrètes à l’intérieur desquelles ces discours ont été tenus.

Quelle place pour la diversité culturelle dans cet environnement ?

La culture a plutôt à voir avec la diversité que l’homogénéité.

La diversité est partout, à l’intérieur comme à l’extérieur des cultures qui n’existent pas en tant que telles.

C’est plutôt considéré de flux culturels. Parfois, il y a quelque chose qui se compose avec une certaine solidité, mais qui peut quand même changer. Surtout dans ce contexte de globalisation et de mondialisation. Alors ces mélanges sont toujours un peu des querelles, de l’autre des échanges pacifiques.

Internet peut-il aider dans la circulation et les échanges culturels ?

Ça dépend. Ce n’est pas la technologie en tant que telle qui peut changer les choses. On peut utiliser Internet et les réseaux sociaux de plusieurs façons. Dans la plupart des cas, ce sont des discussions entre amis. Ce sont des conversations entre les gens semblables qui se connaissent déjà et qui partagent les mêmes intérêts. La réponse qu’on y trouve dépend de la question qu’on a posée. On peut rester toujours chez soi bien qu’on passe la journée sur Internet. C’est quelque chose qui va au-delà de la technologie qui nous permet de l’utiliser dans un sens ou dans l’autre.

 


Mondial Brésil 2014: un caillou dans la godasse du Cameroun

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Le poster du Cameroun qui montre Samuel Eto’o reprenant la danse de Roger Milla, le vieux lion. © ESPN/Cristiano Sigueira

Dans ce billet, j’inaugure une nouvelle catégorie qui existera, sur mon blog, le temps de la coupe du monde qui se déroule au Brésil du 12 Juin au 13 Juillet prochain.  Je vais parler du football, ma passion originelle. La coupe du monde approche à grand pas. Alors que les différentes équipes peaufinent leur préparation à travers les différents matchs amicaux, l’éternel problème des primes, plat camerounais qui se déguste à la veille de chaque grande compétition internationale, fait surface. Depuis quelques jours, alors que l’équipe nationale de football du Cameroun est en stage dans la ville autrichienne de Walchsee, on entend dans les médias qu’ils réclament une augmentation de leur prime de participation au mondial. Selon certaines sources, au lieu de 45 millions de Fcfa, les poulains de Volker Finke demanderaient plus du triple de cette somme soit exactement 150 millions de Fcfa.  Une somme qui, si elle venait à être vérifiée et accordée, serait la plus énorme des équipes africaines participant au mondial brésilien et peut-être même l’une des plus énormes de toutes les équipes qui se sont qualifiées pour cette grande fête du football. 

L’opinion publique camerounaise est relativement unanime et estime que la prime demandée par les lions indomptables est mirobolante. La presse a pris le devant de la scène en parlant  par exemple que c’est une « indécente revendication »  car ce chiffre est « astronomique ». Elle propose également de faire une comparaison avec les primes des autres pays africains qui participeront à la coupe du monde et conclut que la revendication de l’équipe camerounaise est « indécente ». Pour d’autres, au lieu de remettre un tel montant à ces joueurs, il serait important de l’utiliser dans la construction des infrastructures qui permettront de faire évoluer le football jeune dans notre pays.  C’est vrai qu’il y’a un autre courant, minoritaire, qui estime que lions méritent de récolter le fruit de ce qu’ils ont semé. Ils ont joué et se sont qualifiés pour la coupe du monde, ils méritent leurs primes. Mais, est-ce qu’ils ont revendiqué une augmentation de cette prime? Est-ce qu’ils ont exigé le montant de 150 millions de Fcfa? Pourquoi à la veille de chaque grande compétition, le Cameroun fait face aux problèmes des primes?

Lorsque j’ai, essayant d’en savoir davantage sur ce sujet, entré les mots clés sur google, j’ai été surpris par le fait que tous les liens renvoyaient au Cameroun. Les problèmes des primes à la veille du mondial ne sont donc qu’une sauce spécifiquement camerounaise? Ou ce sont les médias camerounais qui jouent mal le jeu en faisant sortir ce qui pourrait relever de la cuisine interne?

Pour comprendre les revendications des joueurs de l’équipe nationale, il faut avoir à l’esprit les différentes entrées relatives à la qualification, à la préparation et à la compétition. Après la qualification de chaque équipe, il y’a un montant que la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) verse à la fédération pour la préparation et un autre montant qu’elle versera au cas où l’équipe est éliminé au premier tour et ainsi de suite. Cette année, la FIFA verse  1 500 000 dollars (près de 723 millions de FCFA) pour la préparation à toutes les équipes qualifiées. A côté de cette somme, il y’a celle versée par les différents sponsors. Puma, l’équipementier du Cameroun a remis 500 000 euros (près de 328 millions de FCFA). Par ailleurs, certaines équipes qualifiées au mondial contre lesquelles le Cameroun joue des match amicaux versent à la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) un montant. En Janvier dernier, Joseph Owona (président du Comité de Normalisation de la FECAFOOT) parlait  de 190 000 euros (près de 124 millions de FCFA) venant de l’Allemagne (les lions indomptables livreront un match amical contre ce pays le 01er Juin). Enfin, 130 000 euros (85 millions de FCFA) venant du Portugal pour le match amical qui a opposé les deux équipes au mois de mars dernier. Mais il y’a quelques jours, en Autriche, le président du comité de normalisation de la FECAFOOT a plutôt évoqué un autre montant. Au lieu de 190 000 euros comme évoqué plus haut, il a parlé de 140 000 euros (près de 91 millions de FCFA). Certains journalistes se demandent si  la FECAFOOT a détourné 50 000 euros sur le cachet de ce match?

Il est vrai que dans le même temps, les lions doivent verser un montant aux équipes moins classées qu’eux, qui sont leurs adversaires dans les rencontres amicales. On comprend bien que la qualification des lions a généré des entrées directes à la fédération et des entrées indirectes qui arrivent avec les différentes activités économiques organisées dans les différentes villes du pays autour de la coupe du monde. Tout ceci existe parce que les lions se sont qualifiés. Et comme l’a dit le capitaine de l’équipe nationale, Samuel Eto’o, dans un entretien accordé à Steve Djouguela sur Mboafootball.com, « …nous (les joueurs) avons travaillé pour que cet argent soit dans les caisses de la Fecafoot ». Il est important de faire comprendre aux uns et aux autres que cet argent n’est pas celui du contribuable ou un argent qui est gardé depuis dans les caisses pour attendre les lions. C’est un argent qui est le résultat de la qualification de notre équipe. Ces revendications ne sont pas le problème du football camerounais ou ne peuvent pas freiner notre football comme certains le font savoir.  Le problème est ailleurs.

Le problème du football camerounais est à chercher dans la mauvaise gouvernance. Le sport-roi comme on l’appelle n’est qu’à l’image des autres secteurs de la société. Car quand bien même, les joueurs demandent que leurs primes soient utilisées pour l’amélioration du football, qu’est ce qu’on en fait? Ces revendications sont légitimes même si la démarche n’est pas la meilleure et le montant est assez élevé par rapport aux autres équipes africaines engagées dans la compétition. Mais, elles traduisent le malaise du football camerounais et de la société en général. Une société victime de la mauvaise gestion. C’est cette mauvaise gouvernance qui avait poussé Jean Bruno Tagne à dire d’un ton prophétique au sujet des lions en 2010 « programmé pour échouer ». On constate que le caillou des primes a pris place et s’installe progressivement dans la godasse du Cameroun, pourtant, sérieux protagoniste au titre mondial. En tout cas, comme on dit au pays de Samuel Et’o, de Roger Milla ou encore de Patrick M’Boma, « impossible n’est pas Camerounais ».

NB:  A tous mes lecteurs, je lance à travers ce billet une nouvelle catégorie sur mon blog. Elle sera dédiée à la coupe du monde vue de chez moi c’est-à-dire de la ville où je vis à savoir Dschang . Vous aurez des analyses, des interviews, des comptes rendus. Bref, l’ambiance du mondial. Je vous recommande ce lien pour en savoir plus sur la préparation des lions indomptables.


Les femmes mariées mangent déjà le gésier

Première de couverture. Crédit image: Franck kemayou njekoua
Première de couverture. Crédit image: Franck kemayou njekoua

La dédicace du dernier ouvrage de Marcel KEMADJOU NJANKE Les femmes mariées mangent déjà le gésier a eu lieu hier dans la ville de Dschang au foyer culturel de Keleng. L’auteur qui a à son actif une dizaine d’ouvrages ballade le lecteur autour de diverses thématiques: conflit interreligieux,  conflit de génération, la parité des genres… Il est également le promoteur du Festival International de Poésie 3V qui se tient au début de chaque mois de décembre depuis 2007. Je vous propose le compte rendu de lecture de cet ouvrage. Une signature de Franck kemayou njekoua.

Les femmes mariées mangent déjà le gésier est un ensemble de racontage. Son auteur, Marcel KEMADJOU NJANKE, est un poète,  raconteur et romancier résidant à Douala au Cameroun. Il est avant tout commerçant au marché Mboppi  dans la même ville. Les femmes mariées mangent déjà le gésier publiée en 2013 aux éditions Ifrikiya, est son deuxième livre du genre après DIEU n’a pas besoin de ce mensonge (2009). Cette mention racontage en dessous du titre, loin d’être considérée comme un nouveau genre littéraire créé, est perçu par l’auteur comme un triptyque de l’art littéraire ayant pour noyau la langue dans la plénitude de son usage auquel se greffe la liberté qui insuffle au psychisme humain sa plasticité et au parler son dynamisme interne. Et bien sure la beauté. Non pas cette beauté superficielle, mais cette symbiose parfaite entre l’intention pure, le champ d’action qu’on s’est défini et son accomplissement logique.

L'auteur Marcel Kemadjou Njanke (au centre), le Pr Alain Cyr Pangop (à gauche) et Franck Kemayou (à droite). Crédit image: Ulrich Tadajeu
L’auteur Marcel Kemadjou Njanke (au centre), le Pr Alain Cyr Pangop (à gauche) et Franck Kemayou (à droite). Crédit image: Ulrich Tadajeu

Ce chef d’œuvre de 179 pages divisé en 6 parties, retrace une histoire narrée sous formes de « kongossa » et dite par 4 personnages interne au récit. Il est bien question du couple « Bitacola /Petit bonheur ». Face au naufrage de son mariage, Bitacola femme au foyer sollicite l’aide de son beau-père qui à travers une conférence matrimoniale, essaye de tirer de l’abîme l’union de ce jeune couple qui y était presque.

 Comprise entre le Noun (Foumban, Foumbot, Massangam et Magba) et le Littoral (Douala), cette odyssée est ouverte et couverte par plusieurs  thèmes tels que : le conflit interreligieux, le conflit de génération, la parité des genres,  le tout couronné par un choc de civilisation. Dans une compilation de proverbes, de paraboles, de paroles imagées, de détails accrochants, de comparaisons troublantes et des couleurs riantes. L’auteur se sert de la langue, pas cette langue française de Molière mais une langue française « made in Cameroun » pour étaler ses réflexions truffées de l’actualité nationale et internationale, pour ressortir clairement sa thèse et son point de vue : les femmes, même mariées ne doivent pas manger le gésier par ce que même si « l’homme porte une barbe ; la femme aussi, le gésier se mérite. »(p172).Un façon de dire que dans le foyer, l’homme et la femme, bien qu’ils se complètent ne sont pas égaux. Les responsabilités familiales sont clairement établies : la femme gardienne de la famille n’est pas égale de l’homme, qui est le chef de la famille.

Dans la première partie de l’ouvrage : la ou le roi va seul et à pieds, l’auteur nous transporte dans une description pleine d’images, dans les profondeurs du pays Bamoun (principal théâtre de toute l’histoire) qu’il considère comme « un grand et beau pays, un pays comparable à une bonne et vieille dame chargée de douleurs de la générosité  des siècles. »(p.9).Dans cette même partie l’auteur, incarné dans le personnage de MOO NDIAYIE, revient sur la problématique de l’appropriation de la langue française (langue de colonisation) pour les indigènes. Pour MOO NDIAYIE, « ce français qui sépare ce qui est attaché, qui aime tout mettre en pièces détachées, qui à trop de règles, trop d’interdits pèse comme une loi, soumet et conditionne l’être humain. »(p12).Or ce français est si différent du notre. Conquis et soumis par la force et la volonté créatrice des africains ; « il est le français qui dit mieux nos réalités que toutes les académies de la terre. » (p13).

Dans la seconde partie de l’ouvrage : il n ya pas de petit chef de famille, tout en revenant sur le rôle de chaque conjoint, l’auteur  nous plonge de plein pied dans les difficultés rencontrées par nos différents ménages,  réalité de la plupart des foyers camerounais.

Dans la troisième partie : quand le mariage est neuf le tamtam des bonnes nouvelles va loin, l’auteur tout en retraçant le quotidien sentimental de la plupart de nos jeunes veuves revient sur l’un des thèmes les plus présents chez les auteurs africains de la nouvelle génération : la sorcellerie.

 Dans la quatrième partie : ton coucous est dans tes mains, ta sauce est dans tes mains, Marcel Kemadjou en étalant les véritable sources de difficultés et de problèmes liés à la majorité des foyers aujourd’hui, propose, sous forme de proverbes et paraboles garnis de significativité, des pistes de résolution et de solution. Comme quoi « ne verse pas la sauce qui est entre tes mains pour lécher celle qui coule entre tes doigts. »(p95)

Dans la cinquième partie : chaque rivière à ses coquillages, l’auteur nous rappelle  l’imperfection de l’être humain et ses conséquences  sur sa personne. L’imperfection n’est pas de ce monde. Il vaut mieux ne pas l’exiger  de qui que se soit, parce que, comme il le dit si bien « c’est la chair qui cache ce qu’il ya dans le cœur des gens . Il n’y a pas d’être humain sans problème et il n’y a pas une  seule personne sur la terre qui peut dire que son cœur danse tous les jours. »(P103)

 Enfin dans la sixième partie : les femmes mariées mangent déjà le gésier, tout y est, tout est fait. L’harmonie, l’entente et le respect mutuel entre les conjoints ne peuvent que renforcer les liens sacrés du mariage par ce que « la compréhension mutuelle est supérieure à la force. » (p140)

En dernière analyse, les femmes mariées mangent déjà le gésier peut se donner le mérite d’avoir, dans un langage propre aux camerounais et au Cameroun,  une contribution non négligeable  dans la résolution d’un problème auquel les camerounais font face : les difficultés rencontrés au sein du foyer.

 Bien que s’achevant de manière abrupte, nous pouvons affirmer que cet ouvrage nous propose quelque chose de nouveau dans la façon de résoudre désormais les problèmes de couple. Cet ouvrage peut être considéré comme une source privilégiée et crédible pour les études et la recherche dans les différents domaines et thèmes abordés par l’auteur dans son œuvre .Vivement que les femmes mariées comprennent  qu’elles ne doivent pas manger le gésier !

© Correspondance de KEMAYOU NJEKOUA Franck


Grand Bassam, une ville historique

Entrée de la ville historique de Grand Bassam. Crédit image: bp.blogspot.com
Entrée de la ville historique de Grand Bassam. Crédit image: bp.blogspot.com

Mon séjour en Côte d’Ivoire, dans la localité de Grand Bassam, m’a permis de découvrir une ville historique. En effet, la ville de Grand Bassam abrite actuellement un ensemble de bâtiments qui datent de l’époque coloniale. Certains ont été restaurés, d’autres attendent leur restauration. Et ce sont ces bâtiments qui font tout le charme du quartier France et lui ont peut-être permis d’être patrimoine mondial de l’Unesco en 2012. En guise de rappel, Grand Bassam est la première capitale de la Côte d’Ivoire. En effet, après l’installation des Français en 1893, ils firent de cette ville la capitale. Pendant près de 7 ans, Grand Bassam était la capitale jusqu’à ce que la troisième épidémie de fièvre jaune en 1899 décime 45 Français sur les 60 présents dans la ville. Après ce drame en 1900, la capitale devint Bingerville.

Lorsqu’on se lance dans la visite du quartier France, on remarque tout de suite que les boulevards et les rues portent les noms des anciens administrateurs coloniaux. C’est le cas de la rue Capitaine Marchand, du boulevard Treich Lapleine ou encore du boulevard Angoulvant…Devant les bâtiments, une plaque de couleur bleue indique l’année de construction, l’ancien nom et le nouveau nom (depuis la restauration). Je me permets de présenter dans ce billet quelques bâtiments qui datent de très longtemps et ce qu’ils sont devenus.

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Le premier bâtiment qui attire l’attention est l’actuel musée national du costume. Ancien palais du gouverneur, il a été construit en 1893 alors que la Côte d’Ivoire devenait une colonie française. Le premier gouverneur de cette colonie Binger y a séjourné pendant sa présence. La visite que nous y avons faite nous a permis de découvrir les toilettes du gouverneur ainsi que son bunker. Il est depuis 1981 le musée national du costume. Ce musée comporte une collection sur les costumes des différents peuples de la Côte d’Ivoire, une maquette des différents types d’habitation des peuples ivoiriens et quelques images sur l’histoire de ce pays.

L'intérieur du musée du costume. Crédit image: Ulrich Tadajeu
L’intérieur du musée du costume. Crédit image: Ulrich Tadajeu
Musée National du Costume. Crédit image: Ulrich Tadajeu
Musée National du Costume. Crédit image: Ulrich Tadajeu

La maison des artistes, ancien office des chargeurs réunis, abrite depuis sa restauration au début de la décennie 1990 une exposition des artistes plasticiens. Parce qu’il faut rappeler qu’étant en bordure de l’océan, Grand Bassam abritait un wharf qui permettait de transporter la marchandise et autres produits.  Parmi les bâtiments qui ont été restaurés, notons également l’hôpital de Grand Bassam. Construit en 1905, l’ancien hôpital de grand Bassam est devenu depuis sa restauration le dispensaire urbain de la ville.

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L’ancien office des chargeurs réunis devenu la maison des artistes. Crédit image: Ulrich Tadajeu
L'ancien hôpital de Grand Bassam devenu dispensaire urbain depuis sa restauration. Crédit image; Ulrich Tadajeu
L’ancien hôpital de Grand Bassam devenu dispensaire urbain depuis sa restauration. Crédit image; Ulrich Tadajeu

L’actuel centre de céramique est aussi un bâtiment colonial. Il a été construit en 1910 et était une place des fêtes dans le quartier. Il était destiné aux loisirs de la société coloniale notamment les fêtes, le cinéma. Quelques mètres après se trouve l’ancien marché de Grand Bassam. Il existe également deux grands marchés : le marché aux légumes et le marché de la viande construits en 1934. Le premier marché est devenu la bibliothèque municipale alors que le second est désormais le centre culturel Jean Baptiste Mockey.

La bibliothèque municipale, ancien marché. Ulrich Tadajeu
La bibliothèque municipale, ancien marché. Ulrich Tadajeu
L'actuel cercle de céramique, ancienne place des fêtes. Ulrich Tadajeu
L’actuel cercle de céramique, ancienne place des fêtes. Ulrich Tadajeu

D’autres bâtiments n’ont pas été restaurés. C’est le cas de l’ancien palais de justice qui est envahi par les herbes et la brousse. Il se trouve en face du musée national du costume. L’hôtel France est l’ombre de lui-même. Aucun aménagement,  il est toujours avalé par la brousse comme la photo ci-dessous le montre.

L’hôtel France abandonné à lui même. Ulrich Tadajeu.
L’hôtel France abandonné à lui même. Ulrich Tadajeu.

L’histoire fait partie du patrimoine. Pour ce qui est de Grand Bassam, en dehors du patrimoine immatériel, il y a ce patrimoine matériel visible par tous et qui rehausse le charme de cette ville. Une ville historique tout de même de par cet héritage encore visible des bâtiment, mais surtout des boulevards et rues.


Sept choses que j’ai retenues d’Abidjan

Une vue des grattes ciel d'Abidjan. Crédit image: Ulrich Tadajeu
Une vue des gratte- ciel d’Abidjan. Crédit image: Ulrich Tadajeu

Mon séjour en Côte d’Ivoire s’est achevé hier. Comme certains, je suis triste de quitter ces hommes et femmes merveilleux. Je suis tout de même heureux d’avoir beaucoup appris de ces personnes et surtout de la Côte d’Ivoire à partir de Grand Bassam.

Premièrement, la nourriture. J’ai beaucoup aimé l’attieke, la semoule de manioc qu’on mange sous forme de garba c’est-à-dire accompagnée d’un morceau de poisson et des tomates et autres condiments. Mais l’attieke peut également se manger avec la sauce tomate et du poisson. L’alloco est aussi succulent que l’attieke. C’est un plat fait de banane-plantain mûre qu’on découpe en carreaux avant de faire frire dans l’huile de palme. Il se mange soit simplement,  soit accompagné du poisson.

Deuxièmement, les expressions nouchi. C’est vrai que le grand frère Moussa les avait déjà présentées dans un de ses merveilleux articles. Mais, j’ai pu écouter ou prononcer quelques unes de ces expressions. La plus célèbre à mon avis est #Kpakpatoya. Dérivé de Kpakpato, elle désigne le commérage. Kpakpatoya signifie ce que les Camerounais appellent Kongossa.  C’est grâce à ce voyage que j’ai découvert la raison d’être du célèbre hashtag #Kpakpatoya.

A Abidjan, ce qui est frappant c’est diversité des taxis. Il y a d’un côté les taxis compteurs qui ont la couleur orange. Ces taxis roulent partout à Abidjan. Par contre, dans les communes, les taxis sont appelés « Woro-Woro » et les couleurs varient en fonction des communes. A Cocody par exemple, les taxis sont de couleur jaune alors qu’à Koumassi, à Marcory, c’est la couleur verte qui domine.

Quatrièmement, le quartier plateau. Ce centre d’affaires ou World Trade Center (WTC) comme l’appellent certains Ivoiriens est impressionnant avec ses gratte-ciels, immeubles, ponts, bâtiments administratifs qui s’y trouvent. J’ai été impressionné par ces immeubles très grands, bien construits et très propres. C’est difficile d’imaginer que cette ville a été secouée par une crise politique il y a quelques années.

Un taxi à Abidjan. Crédit image: Ulrich Tadajeu
Un taxi-compteur à Abidjan. Crédit image: Ulrich Tadajeu

La monnaie de la sous-région Afrique de l’Ouest. Les pays de cette zone utilisent le F Cfa comme dans la zone Cémac : la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale . Mais ce n’est pas la même chose. Il a fallu que je convertisse les F Cfa Cémac en F Cfa Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) pour pouvoir les utiliser. Les billets, les pièces sont différents. En zone Cédéao les billets sont plus petits que ceux de la Cémac. On peut également remarquer la présence des pièces de 200 F Cfa ou encore de 250. Ce qui n’existe pas en zone Cémac. Les billets de 10 000 F Cfa ont la couleur violette comme ceux de la Cémac.

Billet de 5000 fcfa en zone CEDEAO. Crédit image: Ulrich Tadajeu
Billet de 5 000 FCfa en zone Cédéao Crédit image: Ulrich Tadajeu

Même si avec les copains et copines de Mondoblog, nous avons visité Abidjan, nous étions basés à Grand Bassam. Deux choses m’ont marqué à Grand Bassam. D’abord la boîte de nuit « No Limit ».  C’est, selon les Bassamois et autres Ivoiriens, la plus grande discothèque d’Afrique de l’Ouest. Les mondoblogueurs ont tellement parlé de ce lieu de détente au point où j’ai été obligé de le découvrir. Le coin n’était pas assez couru comme je l’aurais imaginé, mais le Disc Jockey (DJ) assurait, les personnes étaient agréables. Juste à côté, il y avait des maquis qui m’ont permis de prolonger la soirée. Les maquis sont des lieux où l’on peut consommer de l’alcool. Au Cameroun, on les appelle « bars ».

Ensuite, parce que c’est une vieille ville parce qu’elle a été de 1893 à 1900 la première capitale de la Côte d’Ivoire. Les Français ont peuplé ce territoire et y ont construit des maisons. Tandis que certaines habitations ont été restaurées, d’autres ont été abandonnées. C’est le cas de l’actuel musée national du costume. Ancien palais du gouverneur, il abrite depuis 1981 une exposition sur les costumes des différents peuples de la Côte d’Ivoire. Par contre, l’ancien hôtel France n’a jamais été réhabilité. C’est un vieux bâtiment dégradé qui attend sa réhabilitation pour faire valoir son charme à nouveau. Cette vieillesse charme le touriste qui arrive. Parce qu’elle rend la ville particulière et originale.

Le musée national du costume de Grand-Bassam, ancien palais du gouverneur. Crédit image: Ulrich Tadajeu
Le musée national du costume de Grand-Bassam, ancien palais du gouverneur. Crédit image: Ulrich Tadajeu

Le séjour ivoirien n’était pas n’i-voi-rien. Il m’a fait voir beaucoup de choses. J’ai découvert une partie de la terre éburnéenne.

Bien sûr, il y a enfin la grande diversité des participants à la formation. C’était unique de partager la vie avec eux, de se former en leur compagnie et de danser dans l’eau avec certains.

Un seul mot : mè shaglè! à tous ceux qui ont rendu ce voyage possible.